Station F, le plus grand incubateur de Start-up au monde, est installé depuis sa création en 2017 dans la Halle Freyssinet. Chef-d'œuvre d'architecture industrielle, cette construction monumentale toute en béton a des allures d'église avec ses trois travées voûtées soutenues par des poteaux, structure qui s’efface presque, quand on se retrouve face aux grandes baies vitrées qui constituent l’ensemble des façades. Cette halle de messagerie de fret, installée non loin des rails de la Gare d’Austerlitz dans le 13e arrondissement, a été construite entre 1926 et 1929, par l’ingénieur Eugène Freyssinet de qui elle tient son nom. A l’intérieur de l’incubateur sont présentées quelques-unes des œuvres de la collection du fondateur de la Station F, Xavier Niel, dont voici les plus emblématiques ...

Urs Fischer, Arc, 2016

Cette arche monumentale (11 mètres de haut) est l’œuvre de l’artiste suisse Urs Fischer. Réalisée en aluminium, cette sculpture brillante présente des formes arrondies et un aspect asymétrique. Impossible de passer à côté de ce monument lorsque l’on souhaite rentrer dans la Station F, elle se situe sur le parvis extérieur. C’est l’une des seules œuvres accessibles depuis l’espace public.

L’œuvre est une commande de Xavier Niel et d’après les éléments émis lors de son récent discours d’inauguration en février 2022, cette œuvre - plus technique qu’il n’y paraît - renforce les liens entre le monde de l’art et celui de l’entreprenariat : technique, audace et créativité. 

Le nom de Urs Fischer vous dit quelque chose ? Nous vous avons déjà parlé de cet artiste star du marché de l’art dans notre article sur l’ouverture de la Bourse du Commerce et la Collection Pinault.

Takashi Murakami, Arhat Robot, 2016

Cet autoportrait facétieux de Takashi Murakami est pleinement révélateur de la démarche de l'artiste japonais, qui hybride, dans son œuvre, des éléments de la culture populaire et les traditions japonaises.

Avec Arhat Robot, Murakami s’inscrit dans le culte ancien des Arhats, ces disciples clairvoyants de Bouddha qui ont dépassé les vices et atteint le stade ultime de l’illumination.

Mais l'arhat-Murakami se présente ici sous l'aspect d'un androïde, intégrant ainsi  les problématiques de notre monde contemporain de plus en plus robotisé. L’artiste lui donne également un côté pop avec son double visage aux yeux mouvants, tel un personnage de cartoon. L'ironie et la farce, caractéristiques de l’œuvre de Murakami, appuient le contraste des mondes. Ce contraste est encore plus fort lorsque l’on comprend que ce drôle d'humanoïde récite le « Sūtra du Cœur », texte fondamental du Bouddhisme. 

Se posent alors quelques questions : L’arhat de IIIe millénaire sera-t-il humanoïde ? Le robot remplacera-t-il les figures cultuelles de nos croyances ancestrales ?

Jeff Koons, Play-doh, 2014

L’œuvre intitulée Play-doh utilise un procédé classique de l’art de Jeff Koons : agrandir un objet banal et kitsch faisant partie du monde de l’enfance. Ici, une montagne multicolore de pâte à modeler est reproduite en aluminium et agrandie de plusieurs mètres. Comme souvent dans les œuvres de cet artiste américain, la technique contraste avec l’apparente facilité du sujet : les craquements de la pâte à modeler sont reproduits au millimètre près et la texture semble tout à fait malléable.

Dans cette œuvre (série datant de 1994 à 2004), Jeff Koons joue sur les contrastes et pose des questions sur le principe même d’une œuvre d’art : 

qui est l’artiste?  L’homme sur le devant de la scène artistique ou l’enfant à la création “pure”? L’art doit-il forcément être monumental et pérenne ? L’artiste doit-il forcément maîtriser une technique et un savoir-faire ? Le beau peut-il se trouver dans le quotidien ? Y-a-t-il des sources d’inspiration plus nobles que d’autres ? 

Une vraie réflexion philosophique dans la lignée de Marcel Duchamp, on vous laisse choisir vos réponses !

Shepard Fairey, Peace, 2021

Dans tous les recoins de Station F se cachent des œuvres d’art, et pas des moindres: dans une des mezzanines du premier étage, on découvre une sérigraphie du street artiste Shepard Fairey, qui s’est notamment rendu célèbre en créant l’affiche de la campagne de Barack Obama, “Hope”, en 2008.


Peace, l’oeuvre de Station F est installée en écho à une des particularités du 13e arrondissement : les grandes fresques réalisées par l’artiste en 2012 et 2016, visibles sur le boulevard Auriol (« Delicate Balance »  au 60 rue Jeanne d’Arc, « Liberté, égalité, fraternité » au 186 rue Nationale et au 93 rue Jeanne d’Arc « Revolution 2 ») tout à côté de la Station F, mais aussi à la Galerie Itinerrance, également dans le 13e arrondissement, qui représente l’artiste en France.

Les deux oeuvres suivantes se trouvent dans une partie encore plus confidentielle de Station F, l'espace "Create", réservé aux Start-ups incubées (alors que les oeuvres précédentes sont dans la partie "Share, destinée à organiser des réunions et événements) ...

Levalet, Sur écoute, 2018

Entre architecture, dessin et théâtre, Levalet (Charles Leval de son vrai nom), explore et exploite le potentiel narratif de la rue. 

L'image est toujours composée en fonction du lieu qui a interpellé le regard de l'artiste. Et ses dessins urbains (composés à l’encre de chine sur papier fin) présentent des personnages grandeur nature, - inspirés de son entourage ou de comédiens -, qui se trouvent dans des situations bien souvent cocasses. 

Insérés au cœur de l’environnement urbain, ces collages composent alors une véritable scène, dynamique et insolite, qui révèle les dérives et autres absurdités de notre monde actuel. 

Sur écoute… a ce côté désuet qui rend ses œuvres aussi touchantes qu’impertinentes.

Ai Weiwei, Iron tree trunk, 2015

Reliant les énergies terrestres aux énergies célestes, l’arbre est cet élément naturel qui triomphe du temps. Mais il est aussi un symbole chinois important.

Représenté par le sinogramme MU qui signifie « bois » - l'un des cinq éléments de la cosmogonie chinoise -, il évoque le renouvellement, le cycle de la vie, l’univers en perpétuelle mutation.

Artiste engagé, Ai Weiwei s’intéresse de près aux traditions chinoises et à leur héritage, faisant de l’art le lieu d’une interrogation sur la destruction et la préservation de celui-ci. Dans sa série des arbres, il fait écho au commerce traditionnel des morceaux d’arbres de la ville de Jingdezhen, dans le sud de la Chine. Ces tronceaux de bois aux formes souvent complexes sont acquis par les habitants pour orner les maisons, tels des objets de contemplation.  

Ai Weiwei semble ici pousser à l’extrême ce statut, en métamorphosant l’arbre naturel en véritable artefact.

A travers l'emploi de la fonte, l'art semble alors rivaliser avec la nature, procurant à l’arbre, - plus qu’une longévité -, une véritable éternité.

De nombreuses autres oeuvres d'art sont présentées à Station F, dont celles de la collection d'art urbain de Nicolas Laugero Lasserre, dont on sera ravies de vous reparler dans un prochain article !

Nous avons pu vous présenter ces oeuvres grâce à Exwayz, start-up incubée à Station F, qui nous a invitées à venir les découvrir, un grand merci à eux !

... Découvrez ci-dessous le Scan 3D qu'ils ont réalisé de l'Arc d'Urs Fischer !

L'Arc by Urs Fischer (Point cloud) by exwayz on Sketchfab

N.B.: Les œuvres dont on vous a parlé ne sont pas accessibles au grand public mais vous pouvez en revanche tout à fait entrer dans le bâtiment en vous rendant à la Felicità, le génial et gigantesque restaurant italien installé dans la partie sud de la Halle Freyssinet.

Nous sommes aujourd'hui le 18 mai, et aujourd'hui c'est la journée internationale des musées. Pour cette occasion, nous vous emmenons faire un petit tour du côté du plus grand musée du monde, le musée du Louvre (qui rouvre ses portes demain !) ... il n'est pas toujours facile de s'y retrouver ! Nous vous présentons chacune une oeuvre des collections du musée que nous aimons particulièrement.

Pour Marie-Amandine, rendez-vous dans le département des objets d'arts (au 1er étage de l'aile Sully du musée):

Henry-Nicolas Cousinet (? - 1768),Nécessaire offert par Louis XV à la reine Marie Leczinska, à l'occasion de la naissance du Dauphin en 1729, 1729-1730, Paris, musée du Louvre.

Les arts décoratifs des XVIIe et XVIIIe siècles me passionnent, tous ces objets sont d'un grand raffinement et m'impressionnent beaucoup. Le Louvre a récemment revu la présentation des collections d'arts décoratifs de ces périodes, les mettant particulièrement bien en valeur à mon sens. Mes objets préférés ? Les porcelaines ! J'adore le thé, et je ne résiste pas à une jolie tasse ou théière.

Un des objets qui me séduit le plus est le Nécessaire offert par Louis XV à Marie Leczinska à l'occasion de la naissance du Dauphin en 1729. Ce coffret renferme tous les éléments nécessaires à la consommation du thé, du café et du chocolat, boissons considérées comme "exotiques" particulièrement prisées à cette époque. Il pouvait être utile à la reine au cours de ses voyages.

Les objets en argent doré (qu'on appelle aussi vermeil) sont de la main de l'orfèvre Henry-Nicolas Cousinet, et son accompagnés de porcelaines provenant de la manufacture de Meissen ou d'Extrême-Orient. Les formes douces, renflées et dissymétriques, le choix des ornements et la finesse de la ciselure témoignent de l'apparition du style rocaille.

Dans cet ensemble, chaque objet à une fonction bien précise : la pince à sucre, le pot à crème, la chocolatière et son réchaud, la théière (ci-dessus) ...

Fait intéressant : à la mort de la reine en 1768, le Nécessaire fut donné comme le voulait l'usage à la dame d'honneur de la reine, la comtesse de Noailles. C'est grâce à cela qu'il est parvenu jusqu'à nous, échappant aux fontes de la Révolution, qui ont détruit une très grande partie de l'orfèvrerie royale. Le service a ensuite été acheté par le musée du Louvre en 1955.

Pour Marie, l'oeuvre préférée se trouver plutôt du côté des peintures hollandaises:

Johannes Vermeer, La Dentellière, vers 1669-1670, huile sur toile collée sur bois, 24 x 21 cm, Paris, musée du Louvre.

Au musée du Louvre, la salle 837 de l'aile Richelieu m'offre toujours un grand moment d'apaisement. Surtout quand je me tourne pour regarder cette œuvre de Johannes Vermeer intitulée La Dentellière. J'ai l'impression que le temps s'arrête autour de moi, la peinture entre doucement dans mes yeux et le calme de la scène me procure presque un effet de méditation !

J'ai soudainement envie d'être aussi concentrée que cette femme et j'ai l'impression d'être dans la même bulle de lumière chaude qu'elle. Un instant fragile, hors du temps, où tout n'est que couleurs posées en petites touches devant moi. Vermeer utilisait la camera obscura pour composer ses tableaux et cet outil - ancêtre de la photographie - lui permettait d'ajouter des points de lumière où il le souhaitait. Couleurs et lumière forment des "gouttes" qui contrastent avec la précision de certains morceaux du tableau. J'apprécie beaucoup cette œuvre et lorsque je dois la quitter, je me réconforte avec le fait que le tableau appartient au patrimoine national et que je pourrai revenir ici autant de fois que je le désire.

Une fois cette pause passée avec La Dentellière, je peux apprécier L'Astronome et me diriger vers les autres tableaux de l'Ecole Flamande. Devant les œuvres de Gérard Dou et de Rembrandt, c'est l'ensemble de mes cours d'histoire de l'art suivis à Lille qui me reviennent et un réel plaisir à me dire que je vois ces œuvres en vrai, ici à Paris dans l'un des plus grands musées du monde.

Enfin, pour Emmanuelle, c'est le plafond peint par Georges Braque qui offre un autre regard - les yeux au ciel - sur le Louvre !

Georges Braque, Les oiseaux, plafond, huiles sur toile, Paris, Musée du Louvre

Commandée en 1953 par André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, Les Oiseaux de Braque s'inscrivent dans un programme initié au XIXe siècle de commandes de décor de plafond à des artistes contemporains. Composée de trois toiles, l'oeuvre s'insère dans des lambris dorés de l'antichambre d'Henri II (1519 - 1559), rappelant ainsi sa fonction de Palais Royal, avant de devenir, en 1793, en musée.

Pourquoi des oiseaux ? C'est un thème récurrent dans l'oeuvre de Braque, symbolisant, entre autres, la liberté créatrice de l'artiste.

L'aspect "déchiré" du contour blanc des différentes formes s'inscrit dans la continuité des expérimentations cubistes de Braque et reprend l'esthétique de ses célèbres papiers collés.

Mais ce ciel a également une portée historique. Il rappelle l'emblème du roi Henri II : trois croissants de lune entrelacés.

Avec une économie de moyens picturaux impressionnante (trois couleurs, des formes simplifiées), le maître de l'art moderne investit ce plafond de manière épurée contrastant avec le décor richement sculpté. Il attire ainsi le visiteur au-delà des murs du musée, dans un espace augmenté. N'est-ce pas précisément-là l'un des objectifs de l'art ... de nous transporter ailleurs ?

En continuant dans la salle suivante, vous pouvez garder les yeux au ciel et admirer l'oeuvre de l'américain Cy Twombly, The ceiling (2010), qui rend hommage aux bronzes antiques. Qui a dit que le Louvre était un musée d'art ancien ?!

Et vous, quelle est votre oeuvre préférée au musée du Louvre ? Dites-le nous en commentaire !

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