Fermé depuis 2016, le musée Carnavalet, musée d’histoire de la ville de Paris, a réouvert ses portes il y a quelques semaines. On vous recommande vivement d’aller le visiter, d’autant plus que l’entrée est gratuite, comme dans tous les musées de la ville de Paris (il faut quand même penser à réserver un créneau de visite). On vous détaille quelques-unes des raisons qui font qu’on adore ce musée, particulièrement depuis sa réouverture et la nouvelle présentation des collections permanentes.
D'abord, l’architecture du bâtiment mérite le détour: le musée Carnavalet s’étale dans deux hôtels particuliers, l’Hôtel des Ligneris (dit Carnavalet) et l’hôtel Pelletier de Saint-Fargeau. Le premier, par lequel on entre dans le musée, est un des plus anciens hôtels particuliers dits « entre cour et jardin », et fut édifié par Pierre Lescot au milieu du XVIe siècle. La façade du fond de la cour est ornée de sculptures en bas-reliefs de Jean Goujon et de son atelier qui représentent les quatre saisons. Ces deux noms vous sont peut-être familiers : il s’agit de l’architecte et du sculpteur à qui l’on doit la partie occidentale de la cour carrée du Louvre, considérée comme un manifeste de l’architecture française de la Renaissance.
Ensuite, le musée Carnavalet possède une fantastique collection de plafonds et décors anciens, qui sont particulièrement bien mis en valeur dans le nouveau parcours.
Des dispositifs de médiation astucieux vous invitent à lever les yeux pour admirer ce qui se trouve au plafond, constitués de miroirs accompagnés d’explications historiques et iconographiques qui vous éviteront le torticolis !
Parmi toutes ces merveilles qui sont parvenues jusqu’à nous, ne manquez pas les boiseries peintes et sculptées du Cabinet de l’hôtel Colbert de Villacerf (vers 1650), qui constituent un des rares ensembles complets de « lambris à la française » du XVIIe siècle.
Un coup de coeur pour les plafonds de l’Hôtel La Rivière (1652-8), un des grands chantiers parisiens de Charles Le Brun, bien avant qu’il ne travaille Vaux-Le-Vicomte pour Fouquet et au Louvre et à Versailles pour Louis XIV. L’organisation de ces plafonds est néanmoins similaire (rappelant par exemple les réalisations de Le Brun pour les Grands appartements du roi à Versailles) : sur le plafond de la grande chambre, la partie centrale représente L’Apothéose de Psyché (ci-dessous) entourée au niveau des quatre voussures des muses, tandis que les pans des voussures sont ornés de tableaux rapportés racontant les aventures de Psyché.
L’Escalier de Luynes est particulièrement impressionnant : il s’agit d’un décor peint en trompe-l’oeil par les Brunetti en 1748, transposant en format monumental les personnages des fêtes galantes mises au goût du jour au début du siècle par Watteau.
Lors de votre visite, ne manquez pas le décor d’Alphonse Mucha art nouveau de la Bijouterie Fouquet ou la très impressionnante Salle de bal de l’hôtel Wendel de José Maria Sert, dernier représentant de la « Grande peinture ».
Une des spécificités remarquables du musée : les reconstitutions d’intérieurs ou « period rooms », mêlant éléments de décoration et mobilier. Le Salon de Gilles Demarteau (ci-contre), orné des panneaux décoratifs de François Boucher et de son atelier (1765-70) est tout à fait extraordinaire. Gilles Demarteau a gravé une grande partie de l’oeuvre peint de Boucher, et demanda à ce dernier de décorer le salon de son appartement, sur l’île de la cité. Pour ces panneaux pittoresques, peuplés d’animaux et recréant une campagne bucolique, Boucher fut assisté de deux autres grands noms de la peinture du Siècle des Lumières, Jean-Honoré Fragonard et Jean-Baptiste Huet.
L’ensemble a été complètement restauré pour la réouverture du musée et est agrémenté de sièges, tables et lustres, nous permettant d’avoir une idée de la fonction première de ce décor.
Un des chefs-d’œuvre de mobilier conservé et exposé au musée Carnavalet est le Bureau de Madame de Sévigné, qui vécut dans l’hôtel particulier qui abrite le musée à partir de 1677 jusqu’à sa mort en 1696. Le bureau, en plus d’évoquer la passion de la marquise pour l’écriture, est un des rares exemples de meuble réalisé en Chine pour le compte de la Compagnie des Indes. Réalisé vers 1690, ce bureau mêle sur ses panneaux de laque des ornementations d’inspiration occidentale, avec des guirlandes de fleurs, des fruits et des scènes plus typiques de la tradition chinoise sur les côtés, avec des oiseaux posés dans des branchages.
Enfin, ne passez pas à côté des magnifiques peintures de la collection du musée, comme le Portrait de François Ier par Joos Van Cleve (vers 1530-5) ou le Portrait de Madame Récamier par François Gérard (ci-contre).
Vous l’aurez compris, le musée Carnavalet est un régal pour les amateurs d’art ancien, mais ceux qui préfèrent les oeuvres plus contemporaines y trouveront également leur compte : dans le projet de rénovation, l’accent a été porté sur la mise en valeur des objets et oeuvres d’art de cette période.
Un conseil : prévoyez une demi-journée pour profiter du musée ou choisissez d’y revenir car il y a beaucoup de choses à voir (625 000 œuvres, de la préhistoire à nos jours : Peintures, sculptures, maquettes, enseignes, dessins, gravures, affiches, médailles et monnaies, objets d’histoire et de mémoire, photographies, boiseries, décors et pièces de mobilier…), à découvrir et devant lesquelles s’émerveiller !
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