« Un été des révélations », c’est ainsi que la 53e édition des Rencontres de la photographie d’Arles se présente. 

Et, en effet, parmi la quarantaine d’expositions disséminées dans les lieux et monuments arlésiens, nombreuses sont les révélations qui ont surgi lors de nos pérégrinations (photographiques bien sûr, mais aussi culturelles, sociales, géographiques, esthétiques, etc.).

La révélation, c’est un invisible rendu visible pour reprendre les termes du titre de cette édition, c’est une évidence mise en lumière.

Vue de l’exposition Un garçon du village de Sathish Kumar, Cloître Saint-Trophime.

Et parmi ces révélations, voici celles qui nous ont le plus marquées :

Mise à l'honneur d'artistes accompli.e.s

Au Luma, une exposition James Barnor : Stories. Le Portfolio 1947-1987 retrace 40 ans de carrière du grand photographe ghanéen, à travers des clichés pris de son pays natal à son pays d'adoption : la Grande Bretagne, et dessinant ainsi une histoire transnationale.

Cette exposition vous permettra en plus d’explorer cette drôle de tour miroitante qui domine Arles. La Tour ou le Luma - œuvre de Frank Gehry -, ouvert il y a un peu plus d'un an, a été fondée par la collectionneuse et mécène suisse Maja Hoffman. Ce lieu a pour vocation l'expérimentation, la production et la diffusion de la création contemporaine en arts visuels. Etonnant mais aussi fascinant !

Des artistes à ne pas manquer dans des lieux atypiques :  

Si vous avez du temps, allez jusqu’à Nîmes et pénétrer dans la chapelle des Jésuites pour vous immerger dans l’œuvre vidéo à la fois politique et magique de Julien Creuzet. L’artiste est également présent au sous-sol du Luma qu’il investit d’une atmosphère étrange (ambiance underground garantie !) en associant divers médiums (sculpture, vidéo, installation), et où il continue d'interroger les aspects noirs de la colonisation tout en s'inspirant de la culture afro-caribéenne et créole.

Des artistes émergents et prometteurs - Le prix Découverte Louis Roderer :

Au sein de la charmante église des Frères Prêcheurs, l’exposition réunit des univers très différents et porte pourtant en elle une vraie cohérence. Les jeunes photographes mis en regard se retrouvent dans leur démarche similaire : fondée sur l’intime et le personnel. De vraies découvertes : émotionnelles et esthétiques. Un vrai coup de cœur ! 

Vue des vidéos de Céleste Leeuwenburg, A partir de ce qu'elle m'a dit. Et ce que je ressens, Exposition Prix Roderer

Et puis, pour varier les plaisirs artistiques entre deux expositions photographiques :  

Passez les portes de la Fondation Lee Ufan qui vient d'ouvrir ses portes. L’artiste coréen, amoureux d’Arles, investit les salles d’un ancien hôtel particulier de ses œuvres minimalistes et méditatives. Une respiration tout à la fois sculpturale, picturale et même architecturale (l'œuvre qui vous accueille est issue de la collaboration entre Lee Ufan et le célèbre architecte Tadao Ando). La rencontre de l’altérité est au cœur du parcours, que ce soit avec la matière, l’espace, l’autre ou soi-même.

Détail de l'oeuvre Relatum Accès , Fondation Lee Ufan 

Arles 2022, Les Rencontres de la photographie, jusqu’au 25 septembre 2022. Plus d’informations sur :  https://www.rencontres-arles.com ou en téléchargeant l'application Arles 2022.

Nous vous présentons l’un de nos derniers coups de cœurs en cette réouverture des musées :

110 artistes, actrices et co-créatrices, de l'abstraction de la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, sont mises en lumière dans une exposition haute en couleurs, en formes et en techniques !

Engageant une relecture inédite (au féminin, enfin !) de l’abstraction, le Centre Pompidou retrace l'histoire de cette esthétique née au tournant du XXe siècle. D’artistes connues et reconnues aux artistes totalement invisibilisées par l’histoire de l’art, l’exposition déploie un parcours chronologique fluide dans une scénographie rythmée et aérée. 

Dans une vision qui se veut globale : d’Europe à l’Asie en passant par l’Amérique latine et le Moyen Orient, le parcours révèle la spécificité de chaque artiste tout comme il met en évidence leur apport et leur rapport à l’abstraction.

L’exposition enivrante et stimulante, mêle le design, la mode, l’architecture, le cinéma, la sculpture, la peinture, la danse, la performance … Mais elle est si dense qu’il est difficile de l’apprécier en une seule fois. Elles font l’abstraction est de ce genre d’expositions qui appellent, au moins, une seconde visite afin de l’embrasser dans sa totalité. Mais c’est un plaisir que d’y retourner !

Exposition "Elles font l'abstraction" au Centre Pompidou, 19 mai - 23 août 2021, 11h - 21h, tous les jours sauf mardi, Réservation en ligne obligatoire.





Notre premier apéro arty intitulé « La danse dans l’art » fut consacré à la représentation de la danse dans les arts visuels. Après un bref historique de la représentation de la danse depuis les débuts de la création artistique, la conférence se consacrait au XXe siècle, siècle qui a vu la danse prendre une place importante dans les arts visuels et où, les frontières entre les arts sont devenues de plus en plus poreuses.

Nous avons notamment évoqué une œuvre au statut particulier : Column de Robert Morris. Entre sculpture, danse, théâtre et performance, Column ne se laisse pas ranger dans une case spécifique (malgré sa forme pourtant simple et précise) ! Colonne rectangulaire, l’œuvre se présente sous la forme d’un parallélépipède creux de taille humaine. Le titre originel, Box for standing, est assez éloquent. La colonne étant faite pour accueillir, en son sein, une personne debout. 

En 1961, Robert Morris, jusqu’ici peintre, crée cet objet tridimensionnel. Il ne présente pas celui-ci dans un lieu d’exposition traditionnel, mais il l’expose sur scène, dans ce que l’on peut aussi appeler : la black box (contrastant ainsi avec le White cube désignant les galeries et musées aux murs vierges et blancs). 

A la différence d’une sculpture exposée autour de laquelle le spectateur est amené à bouger ; ici c’est le spectateur, immobile sur son siège qui attend que ça bouge. Après quelques minutes sans que rien ne se passe, la boîte ou colonne … tombe ; pour demeurer de nouveau immobile à l’horizontal pendant trois minutes et demie.

Cet élément stable, vertical, censé servir de support : Column, constitue finalement l’histoire d’une chute ! Une chute simple mais nette : une chute de la sculpture - traditionnellement immobile - dans le spectacle vivant, espace de l’éphémère et de la performance.

Mais tout cela finalement, c’est aussi l’histoire de la vie, celle d’une chute de la verticalité à l’horizontalité, celle d’un corps debout à un corps allongé, celle d’une immobilité dans le mouvement. Celle de la sculpture dans la danse !





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